• Vengeance

    Vengeance

    Vengeance. Je criais vengeance.
    Vengeance. Je ne me laisserai pas détruire aussi facilement. Le vent glacial me gifla la figure. Vengeance. La forêt recouverte par la neige semblait hurler, elle aussi. Son calme si blanc avait goût de sang. Je courais dans le vent, tel le vent, un seul mot résonnant dans ma tête : Vengeance. Tandis que les sous-bois s'agrandissaient sous mes pieds, ma vitesse décuplait. Tous ces mots, toutes ces paroles n'ont jamais été l'image de rien. Et toutes ces choses qui n'avaient jamais été venaient de déboucher dans le néant. Le rien. Je les tuerai tous. Jusqu'au dernier. Exactement comme ils l'ont fait. Je refoulai des larmes de rage. Le paysage en feu mêlé aux cris dans ma tête tranchaient avec la pâleur de l'hiver. Mais ça n'allait pas durer. Cet hiver aurait définitivement la couleur du sang. De leur, sang, puisque le notre a dû couler.
    Ma tignasse blonde flottait avec sauvagerie autours de moi; épaisse chevelure emmêlée qui sera bientôt souillée de leurs cris. Agonisants. Je laissai échapper un grognement de fureur décisif.
    J'étais grande, j'avais de la force. J'avais été une des meilleures manieuse de couteau dans la tribu. Un rire bas et cynique emporte ma gorge. Je les tuerai tous.

    Mon visage était a présent déformé par la haine. Avec fatalité, je compris aussi que quelque soit la douceur, la beauté ou la joie qu'il ait put peindre auparavant, il ne serait aujourd'hui plus que rage. Le visage d'un monstre. Qui criait vengeance. Et personne ne pouvait me retenir. D'ailleurs, personne ne serait pour me retenir. Un instant, la lueur tremblotante qui passa dans mes yeux faillit me faire revenir à la raison. Je failli m'arrêter, tomber, je failli pleurer. L'instant fut court. Je redoublai encore de vitesse,  me focalisant sur l'image de la bête féroce aux muscles fins que j'étais devenue, sous la fourrure de louve déchirée qui épousait impudiquement mes formes. Celtique jusqu'au bout de mes pieds nus devenus violet par le froid. Toutes mes affaires avaient brûlée avec le reste. Mon souffle se fit plus court. Je m'arrêtai soudain, analysant les environs. La peau de bête (celle du premier loup que j'avais tué) claqua sur mes hanches. Le froid glacial s'insinuait dans mon ventre et sur ma peau. Je serrai mes poings nus, humant l'air. Ces bois m'appartenaient. Nous appartenaient. Pieds nus, mains armées.

    Je ne repartis que plus déterminée. De souche en souche, évitant les branches et les arbres, comme portée par le vent, comme si les éléments eux-même voulaient me soutenir jusqu'au terme de cette injustice. Je m'envolais vers le seul endroit où je pouvais aller. Mon Destin. Leur souffrance, à l'égal de la mienne. Leur mort, autant que la nôtre. La mienne. De nouvelles images envahirent mes yeux. Je ne réagis pas, maintenant ma cadence. De toute façon, je ne voyais plus qu'eux. J'étais devenue aveugle par mes souvenirs. Ma force et ma rage.

    Je m'arrêtai. À droite.
    Tiens.
    Un sourire malveillant flotta sur mes lèvres. Trouvé.
    D'un bond, je m'engageai sur le sentier. Comme c'était ironique, je le tuerai en premier. Lui. Ce garçon que j'avais aimé. Tant. Mais ça ne signifiait plus rien, aujourd'hui. Plus rien. Le feu envahit à nouveau mon esprit et je perdis le peu de raison qu'il me restait. Oubliant mes derniers doutes, jusqu'à la moindre once d'humanité. Là. Ma grimace se voulut sourire. Derrière l'arbre. J'étais une chasseuse, plus silencieuse qu'une brindille sur la neige, consciente de chaque parcelle de mon corps. Maîtrisant tout. Une nouvelle lueur rougeâtre se mit à rallumer lentement les braises dans mes yeux. D'abord lui, puis elle. Puis le feu, sûrement. Oui, le feu. Tout ça devait finir dans le feu. Cette rage qui dévore tout, partant du creux de mon estomac vers la force des éléments. Œil pour œil, dent pour dent. Je retins mon souffle. D'un geste rapide, je ramassai une poignée de neige dans ma main droite. En un bond, je fus derrière l'arbre. Il se raidit. Il ne restait plus qu'un grand chêne pour nous séparer, un grand chêne se dressant encore entre nous, nos deux corps à l'arrêt. Yggdrasil. Le début et la fin. Je souris, songeant à son esprit nageant dans la mauvaise conscience, peut-être. Je bannis définitivement les souvenirs d'une partie de chasse, un jeu de cache-cache, deux mains posées sur deux yeux bleus. Les mains étaient tachées de sang. Ses mains. La lueur de folie qui dansait dans mes yeux n'en avait pas finit.

    Un saut. Je lui plaquai ma main pleine sur la bouche. La vengeance est un plat qui se mange froid. La surprise lui fit rejeter la tête en arrière, mais je maintenu ma poigne glaciale, le plaquant contre l'écorce. Il s'étouffa, m'arrachant un autre sourire. Peut-être souriais-je un peu trop ces temps-ci. Je balayai ses jambes d'un coup de pied tout en faisant glisser mon poignard en main gauche en le regardant cracher la neige. La colère avait remplacé la stupeur dans ses yeux. Il se releva, m'envoyant directement son poing vers le visage. Je savais qu'il ne se battrait pas longtemps. Il avait toujours était meilleur à l'arc qu'au corps à corps. Fusses mon poignard, ou la lueur dans mes yeux ; il chancela sous la peur. Un coup. Ventre, puis tête. De nouveau à terre. Je lui tombai dessus, enfonçant encore un peu plus son corps dans la neige, savourant ses gestes de lapin apeuré. Un peu de neige était resté collée sur ses lèvres, qui viraient au bleu. Lèvres bleues dans tâche de sang gelé. Ce fut peut-être ce détail.

    Vengeance. Un dernier éclair agrandit mes pupilles tandis que je hurlais cet ultime mot, aux uniques consonances qui m'animaient encore. Mon couteau s'était levé au dessus de ma tête. Tout s'accéléra. Le vent qui siffle, mes deux mains qui s'abaissent. Rage aveuglante. Injustice, impuissance. Feu, cris, sang. Désespoir. Peur. Impuissance, injustice. Rage. Vengeance. Une larme, qui perle.

    Le couteau déchira sa chair.

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 10 Octobre 2014 à 11:21

    Hey !

    J'aime beaucoup ce que tu fais, et je pense que tu as beaucoup de potentiel. Malheureusement, je vois encore quelques maladresses et fautes d'orthographe, c'est dommage, ça stoppe un peu la lecture...

    N'hésite pas à me contacter via message privé si tu veux en parler !

    Et ce serait aussi adorable de passer sur mon blog, si tu veux voir ce que je fais ( udelire.eklablog.com ).

     

    Au plaisir.

    Udelire

    2
    Samedi 11 Octobre 2014 à 13:17

    Hey hey! Merci c'est vraiment gentil!
    En effet, je vais essayer d'être plus attentive; j'ai écris ce texte il y a plus de deux ans, et je n'ai pas pris trop la peine de tout relire attentivement. Si tu as quelques conseils je serais toujours prenante, j'ai tendance à être tête en l'air quand j'écris!

    Je m'en vais directement visiter ton blog ;)

     

    Luna.

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