• New Year Day

    La musique en fond paraissait silence. Quelle musique ? C'est les cris des autres sur le canapé qui jouent à Mario je sais plus quoi. J'ai envie de jouer, moi aussi. Je vais me lever et aller les rejoindre. J'observe Sarah devant, dans les bras de Magali. Elle a l'espoir. Mag, elle, elle a la haine. Elle ne savent pas encore qu'elles n'ont pas finit de se détruire. Encore une erreur. Encore une errance. C'est le nouvel an. Enfin, je crois. On est le premier Janvier 2014, pas loin de 4h du matin. Hugues est là, allongé sur le côté, il paraît triste, sa bouche forme une moue, il parle à sa copine par message. Sa copine ; ou la raison pour laquelle Lou est en train de s'éclater la gueule à quelques kilomètres de là et tombe en chute libre depuis un mois. Maureen finit de lire le livre sur le Hamster dépressif que Mag nous as prêté tout à l'heure. Il est drôle, ce livre. Vraiment bien. Maureen, qu'à ces larmes aux bords des paupières depuis que sa mère nous as quittés l'année dernière. Maureen, qu'à cette force et puis cet infini dans les yeux. Elle doit se dire « ça fait un an déjà maintenant ». Maureen, si belle, si innocente avant, si inatteignable qu'elle a déjà touché le fond depuis longtemps. Elle fait comme si. On fait tous comme si. Le bruit est fort, mes yeux errent dans la salle, j'ai un pâle sourire idiot aux lèvres. Je ne suis pas heureuse: C'est le sourire du cocktail champagne/bière/joint. Pourquoi ne suis-je pas heureuse ? Je ne sais pas. C'est ça, le truc. C'est qu'au fond, on en sait rien.
    Maud est là, assise sur cette chaise, le regard dans le vide aussi. Elle est sobre, je crois. Elle doit être en train de se demander ce qu'elle fera demain, quand elle sera rentrée chez elle. Ce qu'elle fera de sa vie. Maud, qui a tout bien fait comme il faut, et qui se retrouve pourtant sans boulot, perdue dans le tourbillon des jeunes adultes. « Mais ça n'existe plus, ethnologue » qu'ils lui on dit à la fac, y a deux mois. Elle était restée assez longtemps pour perdre ses amis d'avant, et pas assez pour s'en faire de vrais nouveaux. Elle était seule. Maud, qui avait décroché son bac L mention bien, Maud, qui avait tout bien fait comme il fallait sans jamais décrocher. Tout bien fait comme il faut. Magali parle, elle rigole un peu. Avec ce sourire, qui pue l'échec. J'aime pas quand elle a ce sourire. Elle l'a tout le temps, quand elle est défoncée. J'aime pas quand elle est déf. Tout flotte, je ris avec elle. D'un coup, je pousse mon pieds contre sa cuisse, ça rebondis. Dans ma tête, ça fait des vagues immenses qui se propagent, et je le dit. J'ai un rire faux et gêné ; je déteste quand je ris comme ça. Je viens de faire une bourde, je le sais, je le sais quand je croise ses yeux et son rire trop léger pour m'accompagner. J'ai dit de la merde, putain. Pourquoi j'ai dit ça ? J'essaie de me rattraper en disant un truc en rapport avec Hugues qui me le disait tout le temps, et je m'enfonce encore un peu plus dans ma merde. Je ris naïvement, encore. Hugues me regarde, puis tourne la tête. Il a pas l'habitude d'être déf, ça se voit. C'est depuis cette fille, qu'il a changé. Il fait comme si, lui aussi.

    Je fais peine à voir. Est-ce seulement ces quatre ou cinq lattes tirée sur le joint d'il y a vingt minutes qui me remonte à la tête ? J'aimerais pouvoir me vomir. Vomir tout cette chose dégueulasse qui vit en moi. Moi qui fait toujours tout pour les autres, moi qui fait attention à ce que le moindre petit détails de ma vie soit en accord avec les autres, et moi qui dit de la merde et blesse les gens en foirant tout dès que je me lâche un peu.

    Maureen a finit le livre, elle dit qu'il est bien. Je lui dit t'as vu, elle sourit. Je m'allonge à côté d'elle en disant que je suis morte. Pourquoi mon sourire me paraît ridiculement grand, à côté d'elle ? J'ai pas envie de reconnaître la pitié dans ses yeux. Manon cris plus fort, je crois qu'elle a gagné. Non, elle a perdu. Simon couine comme si sa vie en dépendait, il est drôle. Il est con. Je ne les ais pas rejoins. Je me remet en position assise, bougeant ma tête comme avec un mécanisme préenregistré. Toujours mon faible sourire débile, sur les lèvres. J'ai envie de pleurer. Je ne sais pas encore que Benjamin va me larguer sans un mot le lendemain. Après deux ans. Je ne sais pas encore que mes nombreuses crises d'angoisses vont augmenter, je ne sais pas encore que je n'ai pas finis de ramper au fond de ce gouffre immonde. Je ne sais pas encore que je vais vouloir devenir végétarienne, et réduire mes repas de moitié, par dessus le marché, pour me punir par privation d'être aussi nulle.

    Pour l'instant, ça va, ouais, ça va encore, je ne pense à rien, et chuis quand même contente d'être là avec tout le monde. Je reçois un message. Un instant j'espère que ce soit Benjamin, comme toujours, mais ça faisait deux jours que j'avais plus de nouvelles, comme souvent aussi. On ne s'est pas dit bonne année. C'est pas lui. C'est Jérémy. Un ancien pote de la troisième, avec qui on restait parce qu'il avait de la weed, des fois. Jérémy, le vieux pote qu'on connaît vaguement depuis toujours; qu'est pas très grand, qu'est sympa. Pourquoi il me parle, lui ? Ça fait des mois qu'on se donne plus de nouvelles. D'ailleurs, c'était plus le pote à Sarah. Je leur dit que Jérémy viens de m'envoyer « Je t'aime ». On rigole. Sarah dit qu'il a du faire un message groupé. On rigole encore plus. Je comprends pas, je dit qu'il est con. Je lui demande s'il est défoncé. Il me répond « Moi aussi <3 ». ça nous fait rire encore plus. Je leur demande ce que je répond, j'ai pas d'idée, puis ça m'saoul. Magali dit « point », ça nous fait rire. Ce fameux délire du point ! Ça, c'était vraiment la réponse à tout. Je dit « Poutipoet point » en articulant avec tout mon sérieux. Sarah dit que je suis conne en se mettant à pouffer. Comme on est morts de rire, je trouve que c'est une super bonne idée. Je lui envoie « Poutipoet point ». Il a jamais répondu depuis, je crois. On rigole encore un peu, de ce rire vide des fins de soirées couvert par les bruits de fonds. Quelqu'un propose du poulet. Je crois que c'est Magali qui tiens l'assiette de minis cuisses aux arômes chimiques à réchauffer. Elle s'était levée ? D'un coup, mon ventre semble être un immense puits et la salive emplie ma bouche. Le poulet orange devant moi me semble être la plus belle chose qui soit. J'attrape une cuisse et je la dévore, rongeant jusqu'au plus petit morceaux sans demander mon reste. Ces cuisses sont vraiment minuscules, décidément. Quelle idée d'en faire de la taille d'un pouce. J'en prends encore une. Les genoux pliés, les bras en avant et le dos courbés, je finis ma troisième cuisse. Mon estomac se calme et le monde autour de moi recommence à exister. Je vois Magali, à côté, qui mange, aussi affamée que moi. On se regarde bizarrement, je crois qu'on a une lueur un peu folle dans les yeux. Elle me dit que je ressemble à un animal. Je ris. Je lui dit que j'avais faim. Comme si c'était normal. Une excuse. On va refaire cuire du poulet, y a encore trois sacs surgelés. L'attente paraît interminable. Le vide, les yeux qui trainent égarés dans la lumière trop blanche de la cuisine. Puis on re-dévore tout, comme au début, appuyant sur chaque bouchée engloutie, toute raison concentrée sur nos papilles gustatives. Indécemment.

    Deux êtres vivant mangent d'autres êtres vivants morts, et personne ne dit rien.

    Je regarde Magali, le gras aux joues. La sauce orange paraît être partout. C'est immonde. Elle découpe ces bouts de chair cuites avec ses dents, animale, et elle aime ça. J'aime encore plus, je crois. Je finis ma cuisse et je pose le petit os sur le bout de l'assiette. Je m'essuie la bouche du dos de la main. Je me sens coupable.

    C'est tellement absurde. Des êtres vivant en tuent d'autres tous les jours; ils  les découpent, puis les manges, pour seulement dix minutes de plaisirs gustatifs. Ils les élèves, dans des conditions dignes des pires science-fiction, ils les élèvent pour mourir, ils les élèvent pour subir. C'est inhumain, hein, tout ce qu'on voit dans ces vidéos ? C'est inhumain. Mais c'est bon. Ça doit suffire. Cinq minutes plus tard, quand on m'en proposera encore, j'accepterai avec avidité. Comment en sommes-nous arrivés là ? L'horreur me frappe partout où je pose les yeux sans que j'arrive à réagir. Ça dure. Tout flotte, tout est ridicule. Tout est erreur. Pourtant on continue à rire, de ce rire puant le vide. Ce rire puant nos vies. C'est comme ça qu'on évacue. Comment en est-on arrivés là ?


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  • Enchaînée

    Il voulait un enfant. J'avais vingt-huit ans, et Mathieu et moi étions ensemble depuis un peu plus de cinq ans. Nous nous aimions. Et maintenant, il voulait un enfant. Tout ce qu'il y avait de plus normal.

    Petit à petit, les questions commençaient à s'imposer, s'insinuant lentement. Les remarques se pressaient, laissant après leurs brûlures un goût amer : « Dis donc, c'est pour quand le bébé ? » - « Toujours pas rond ce petit ventre ! » - « Tu feras une mère formidable ! » - « Tu voudrais une fille ou un garçon ? » - « Qu'est-ce que vous attendez ? »...


    Un douloureux vide me prit le ventre. Tout ce qu'il y avait de plus normal, oui. Sauf que je ne voulais pas d'enfant.

    L'idée de vouloir procréer, de vouloir amener quelqu'un en plus sur cette terre, voir tout simplement de laisser une trace de son passage ici-bas m'avait toujours semblé égoïste; et après tout, je ne devais rien à personne.


    Mais maintenant, il voulait un enfant. Mon visage se tordit en grimace. Je songeai à toutes mes amies devenues mères; pressées d’exaucer une idée, un rêve, qui n'était pas le leur: pressées de rentrer dans la norme. Choisir la facilité, le premier mec sérieux venu, pour ne pas se retrouver à trente-cinq ans avec un gosse dont on ne connaît pas le père, par peur de ne jamais en avoir.

    Est-ce vraiment parce que l'on a toujours fait quelque chose qu'il faut continuer à le faire ? Sommes-nous en voie d’extinction?

     
    Ce n'était pas que je voulais être différente ou que je cherchais à clamer une quelconque indépendance, c'était juste que je n'aimais pas faire des choses qui n'avaient pas de sens pour moi.

    Il y a des questions que certains ne se posent jamais.


    Maintenant que je me trouvais face à l'évidence, j'avais peur. Peur, peur de ne pas savoir aimer l'enfant, peur de ne pas savoir comment faire; mais surtout peur d'être l'auteure de nouvelles possibilités, de nouveaux choix, de nouvelles vies. Peur de devenir quelqu'un d'autre, aussi. Peur de devenir comme ma mère, peur de refaire tous les mêmes gestes, peur de voir quelqu'un d'autre dépendre de moi.

    Je ne voulais pas de quelque chose qui puisse sortir de moi. Sortir de mon être, si étranger encore. Je ne voulais pas avoir à vivre avec quelqu'un d'autre à l'intérieur de moi. Oh, mais pourquoi ne comprenait-il pas que je ne voulais tout simplement pas de cette responsabilité-là dans ce monde ?
    J'avais peur, d'une peur qui me révulsait.

    Mais bon dieu pourquoi étais-je comme ça ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement accepter ? Faire ce qu'il fallait ?
    J'étais née femme, et je me devais d'avoir des enfants, au risque d'être déchue de ce statut.Voilà ce que je comprenais.

    Toute ma vie, j'avais crus être libre et issue d'un pays qui l'était ; et je me rendais compte aujourd'hui que je n'étais qu'un tas d'idées reçues inculquées à ma naissance pour continuer à faire fonctionner la société, qu'un tas de pensées qui n'étaient pas miennes.


    Et Mathieu voulait un enfant. Un enfant de moi. Et malgré tout ce que l'on m'avait appris; je n'en avais pas envie. Voilà, c'était ça. Même pire maintenant que l'on m'y forçait; l'idée seule que quelque chose puisse grandir en moi, au creux de mon ventre, de mes reins, puis en sortir en me déchirant de parts en parts me donnait envie de vomir. Des crampes, des crises d'angoisses. Ça relevait de la pure fiction. Un parasite injecté qui dévore sa proie de l'intérieur. Ça n'avait pas sa place ici. N'avais-je pas assez souffert pour subir encore ?
    N'était-ce pas un droit de choisir ce qui était fait pour nous, ou ne l'était pas ? Y avait-il des lois plus grandes que celles des hommes, ou bien me manquait-il seulement une paire de testicules pour être en paix ?
    Je voulais être libre, moi. Libre. Voyager, peut-être, mais ne pas avoir à me préoccuper de tout cela. Notre espèce est loin d'être en danger, si ce n'est d'elle-même. Enfanter se doit d'être un choix.


    Dos courbé par un ventre rond. État de faiblesse, de soumission de la femme pendant des millénaires. État de souffrance. De souffrance. État de dépendance.


    Je crois que je vais partir. Oui, je vais fuir cette communauté moisie remplie de règles inutiles. L'occident, le seul avenir possible ? Sûrement pas -il n'y a pas d'avenir à se regarder s'écraser contre un mur-. En en étant moi-même issue, je n'étais peut-être rien d'autre que le fruit d'une expérience ratée, mais je voulais au moins vivre dans ce qui me semblait être juste. Et je ne voulais pas donner d'une vie à quelqu'un, qui ne me convenait pas moi-même.

    J'avais toujours été plus ou moins banale; taille moyenne, cheveux blonds foncés, menue, petits seins, suivant les tendances du moment sans jamais vraiment décaler. Cependant pour une fois, j'allais faire des choses qui surprendraient les gens; des choses qu'ils ne comprendraient pas. Ces idées germaient lentement en moi, depuis tant de temps. J'avais besoin d'ailleurs.
    Je crois que je vais quitter Mathieu.


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    Les genres plutôt cools:

    Le Rock: Apparu dans les années 1950 aux Etats Unis, donne naissances à de multiples autres genres et sous-genres. Un de ses premiers symboles: Elvis Presley. Je ne serais pas capable d'aller dans les détails sans en faire 10 lignes, alors j'en reste là.

    Le Celtic: Notion née entre le XIX et XX siècle qui tend à faire un lien entre les musiques traditionnelles de différents territoires d'Europe Occidentale. On peut citer OMNIA comme représentants modernes. 

    Le Punk: Le Punk est né au milieu des années 70 en Angleterre, inspiré du mouvement culturel du même nom. Ses emblèmes sont à l'époque les Sexpistols et The Clash.

    Le Classique: Il faut bien différencier le "style classique" (1750 à 1820) à la "musique classique" qui représente toute la musique savante européenne depuis le Moyen-Âge jusqu'à maintenant. Les principaux compositeurs de classique sont bien sûr Mozart, Shubert, Beethoven,.. Mais il en existe toujours de plus récents comme Ravel, Chostakovitch,...

    Le Metal (ou Heavy Metal):  Le style naît à la fin des années 60, donnant naissances lui aussi à de trèèès nombreux sous-genre qui se différencient (bien que difficilement) la plupart du temps par des structures, des styles instrumentaux et vocaux, et des tempos différents. Les fondateurs restes cependant des groupes comme Metallica ou Megadeth.

      Le Jazz (Blues & Swing): Le Jazz est plus ou moins né au début du 20ème siècle à La Nouvelle-Orléans, c'est une forme musicale afro-américaine. Il est le produit d'un croisement entre la culture africaine et occidentale: un mélange de blues, de ragtime et de musiques européennes. Les compositeurs fondateur à retenir sont (Miles Davis), Scott Joplin, Sidney Bechet et Louis Amstrong.

    Le Funk: Egalement musique afro-américaines, le funk est né dans les années 1950 aux Etats Unis (tirée du mouvement Hard bop), il s'est beaucoup développé entre les années 60 et 70. Ses incontournables sont Stevie Wonder, James Brown ou Funkadelic.

    Le Slam: (poésie, art oratoire) Il est né d'une idée du poète américain Marc Smith (en 1986) pour rendre son poème plus vivant. Le Slam a peu de règles, il laisse l'interprète très libre; les mots rythmés peuvent être accompagnés ou non d'un instrumental. Ce mouvement artistique est également rattaché à des valeurs comme l'ouverture d'esprit, le partage, la liberté d'expression et le dépassement des barrières sociales.

    Le Reggae: Il apparaît à la fin des années 60 en Jamaïque; et il reste d'ailleurs sa plus grande expression musicale. Le Reggae est devenu porteur d'une culture qui lui est propre, et est souvent rattaché au mouvement Rastafari. Son fondateur reconnu; Bob Marley (mais aussi Lee "Sratch" Perry, Sun Ska,..).

     

    Les groupes/chanteur/compositeurs géniaux en vrac:

     

    • FAUVE (vus!)                     *Earth, Wind & Fire
    • Awolnation                          *Dub Incorporation 
    • Saez                                    *The Doors 
    • Shakaponk (vus!)                *Ed Sheeran   
    • The Beatles                         *Fall Out Boy   
    • The Rolling Stones              *Deluxe
    • Aerosmith                           *Les Fatals Picards (vus!)
    • The Pixies                           *Disturbed
    • AC/DC                               *Florence & the Machine
    • Arctic Monkeys                   *A Day to Remember
    • MGMT (vus!)                     *Gramatik (vus!)
    • Skrillex                               *Deep Purple
    • The Offspring (vus!)           *Imagine Dragons
    • U2                                      *David Bowie
    • Slash                                  *The Cranberries
    • Kiss                                   *Indochine
    • Eluveities                            *Iron Maiden
    • Muse (vus!)                        *Chinese Man
    • Bob Marley (vu Damian)     *Jimi Hendrix
    • Danakil                                *Cat Stevens
    • Guerilla Poubelle (vus!)        *La Femme (vus!)
    • Les Béruriers Noirs              *Justice
    • La Rue Kétanou                   *Korn
    • Les Sales Majestés               *Caravan Palace
    • OMNIA                               *Daugther
    • The Police (vu Sting!)           *Glass Animals (vus!)
    • Linkin Park                           *The Who
    • Simon & Garfunkel               *The Weeknd
    • Ella Fitzgerald                       *Tryo (vus!)
    • Tchaïkovski                          *Thrice
    • The Smiths                            *Tame Impala (vus!)
    • Green Days                           *Three Days Grace
    • Chostakovitch                       *System of a Down
    • SOJA                                    *Stereoclip
    • Daft Punk                              *Sex Pistols
    • Caro Emerald                        *Scorpions
    • Janis Joplin                            *Revolver
    • Stupeflip                                *Ratatat
    • Led Zeppelin                          *Rammstein
    • Amy Winehouse                     *The Ramones
    • Guns'n'Roses                         *Radiohead
    • Alborosie                               *R.E.M
    • Alice Cooper                          *Queen
    • Renaud                                   *Pink Floyd
    • Noir Désir                               *Parov Stelar
    • Bakermat                                 *Metallica
    • BB Brunes                               *Ok Go!
    • Les Betteraves                         *N'to (vus!)
    • The Black Keys                       *Nirvana                          
    • Bring Me The Horizon             *Manu Chao
    • Hammerfall                              *Louise Attaque
    • Bullet For My Valentine            *Lemaître (vus!)
    • C2C                                        *Soan
    • The Chemical Brothers (vus!)   *The Heavy
    • The Do (vus!)                          *Flume (vu!)
    • Flux Pavilion                            * Die Antwoord (vus!)
    • Fakear (vu!)                             * Alt-J (vus!)

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  • Vengeance

    Vengeance. Je criais vengeance.
    Vengeance. Je ne me laisserai pas détruire aussi facilement. Le vent glacial me gifla la figure. Vengeance. La forêt recouverte par la neige semblait hurler, elle aussi. Son calme si blanc avait goût de sang. Je courais dans le vent, tel le vent, un seul mot résonnant dans ma tête : Vengeance. Tandis que les sous-bois s'agrandissaient sous mes pieds, ma vitesse décuplait. Tous ces mots, toutes ces paroles n'ont jamais été l'image de rien. Et toutes ces choses qui n'avaient jamais été venaient de déboucher dans le néant. Le rien. Je les tuerai tous. Jusqu'au dernier. Exactement comme ils l'ont fait. Je refoulai des larmes de rage. Le paysage en feu mêlé aux cris dans ma tête tranchaient avec la pâleur de l'hiver. Mais ça n'allait pas durer. Cet hiver aurait définitivement la couleur du sang. De leur, sang, puisque le notre a dû couler.
    Ma tignasse blonde flottait avec sauvagerie autours de moi; épaisse chevelure emmêlée qui sera bientôt souillée de leurs cris. Agonisants. Je laissai échapper un grognement de fureur décisif.
    J'étais grande, j'avais de la force. J'avais été une des meilleures manieuse de couteau dans la tribu. Un rire bas et cynique emporte ma gorge. Je les tuerai tous.

    Mon visage était a présent déformé par la haine. Avec fatalité, je compris aussi que quelque soit la douceur, la beauté ou la joie qu'il ait put peindre auparavant, il ne serait aujourd'hui plus que rage. Le visage d'un monstre. Qui criait vengeance. Et personne ne pouvait me retenir. D'ailleurs, personne ne serait pour me retenir. Un instant, la lueur tremblotante qui passa dans mes yeux faillit me faire revenir à la raison. Je failli m'arrêter, tomber, je failli pleurer. L'instant fut court. Je redoublai encore de vitesse,  me focalisant sur l'image de la bête féroce aux muscles fins que j'étais devenue, sous la fourrure de louve déchirée qui épousait impudiquement mes formes. Celtique jusqu'au bout de mes pieds nus devenus violet par le froid. Toutes mes affaires avaient brûlée avec le reste. Mon souffle se fit plus court. Je m'arrêtai soudain, analysant les environs. La peau de bête (celle du premier loup que j'avais tué) claqua sur mes hanches. Le froid glacial s'insinuait dans mon ventre et sur ma peau. Je serrai mes poings nus, humant l'air. Ces bois m'appartenaient. Nous appartenaient. Pieds nus, mains armées.

    Je ne repartis que plus déterminée. De souche en souche, évitant les branches et les arbres, comme portée par le vent, comme si les éléments eux-même voulaient me soutenir jusqu'au terme de cette injustice. Je m'envolais vers le seul endroit où je pouvais aller. Mon Destin. Leur souffrance, à l'égal de la mienne. Leur mort, autant que la nôtre. La mienne. De nouvelles images envahirent mes yeux. Je ne réagis pas, maintenant ma cadence. De toute façon, je ne voyais plus qu'eux. J'étais devenue aveugle par mes souvenirs. Ma force et ma rage.

    Je m'arrêtai. À droite.
    Tiens.
    Un sourire malveillant flotta sur mes lèvres. Trouvé.
    D'un bond, je m'engageai sur le sentier. Comme c'était ironique, je le tuerai en premier. Lui. Ce garçon que j'avais aimé. Tant. Mais ça ne signifiait plus rien, aujourd'hui. Plus rien. Le feu envahit à nouveau mon esprit et je perdis le peu de raison qu'il me restait. Oubliant mes derniers doutes, jusqu'à la moindre once d'humanité. Là. Ma grimace se voulut sourire. Derrière l'arbre. J'étais une chasseuse, plus silencieuse qu'une brindille sur la neige, consciente de chaque parcelle de mon corps. Maîtrisant tout. Une nouvelle lueur rougeâtre se mit à rallumer lentement les braises dans mes yeux. D'abord lui, puis elle. Puis le feu, sûrement. Oui, le feu. Tout ça devait finir dans le feu. Cette rage qui dévore tout, partant du creux de mon estomac vers la force des éléments. Œil pour œil, dent pour dent. Je retins mon souffle. D'un geste rapide, je ramassai une poignée de neige dans ma main droite. En un bond, je fus derrière l'arbre. Il se raidit. Il ne restait plus qu'un grand chêne pour nous séparer, un grand chêne se dressant encore entre nous, nos deux corps à l'arrêt. Yggdrasil. Le début et la fin. Je souris, songeant à son esprit nageant dans la mauvaise conscience, peut-être. Je bannis définitivement les souvenirs d'une partie de chasse, un jeu de cache-cache, deux mains posées sur deux yeux bleus. Les mains étaient tachées de sang. Ses mains. La lueur de folie qui dansait dans mes yeux n'en avait pas finit.

    Un saut. Je lui plaquai ma main pleine sur la bouche. La vengeance est un plat qui se mange froid. La surprise lui fit rejeter la tête en arrière, mais je maintenu ma poigne glaciale, le plaquant contre l'écorce. Il s'étouffa, m'arrachant un autre sourire. Peut-être souriais-je un peu trop ces temps-ci. Je balayai ses jambes d'un coup de pied tout en faisant glisser mon poignard en main gauche en le regardant cracher la neige. La colère avait remplacé la stupeur dans ses yeux. Il se releva, m'envoyant directement son poing vers le visage. Je savais qu'il ne se battrait pas longtemps. Il avait toujours était meilleur à l'arc qu'au corps à corps. Fusses mon poignard, ou la lueur dans mes yeux ; il chancela sous la peur. Un coup. Ventre, puis tête. De nouveau à terre. Je lui tombai dessus, enfonçant encore un peu plus son corps dans la neige, savourant ses gestes de lapin apeuré. Un peu de neige était resté collée sur ses lèvres, qui viraient au bleu. Lèvres bleues dans tâche de sang gelé. Ce fut peut-être ce détail.

    Vengeance. Un dernier éclair agrandit mes pupilles tandis que je hurlais cet ultime mot, aux uniques consonances qui m'animaient encore. Mon couteau s'était levé au dessus de ma tête. Tout s'accéléra. Le vent qui siffle, mes deux mains qui s'abaissent. Rage aveuglante. Injustice, impuissance. Feu, cris, sang. Désespoir. Peur. Impuissance, injustice. Rage. Vengeance. Une larme, qui perle.

    Le couteau déchira sa chair.


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